Chapitre V

18 février 2011

Jour J-2… Et la boucle sera bouclée…

Je me sens tendue…

Dans deux jours, ça y est, je serai totalement reconstruite !

Le cancer aura pris 11 mois de ma vie, c’est à la fois bien peu et de trop… Je m’en serais bien passé…

Oh ! S… de cancer… Combien de vies, vas-tu encore bousiller ? !

Pour moi, ce sera normalement bientôt terminé…

J’aurais tant aimé savoir tout ce que je « sais », sans être passée par-là…

Jour J, jeudi 17 février 2011, 15 h 15. Je suis arrivée dans le service chirurgical d’un jour, très vite on vient me chercher.

Me voilà en tenue d’opérée, blousse et chaussons en papier… Et puis j’attends, j’attends et j’attends encore… Je n’ai pas de montre et il n’y a pas d’horloge…

J’entends une infirmière dire qu’il est 16 H 45,et ma sœur qui m’attend dans une salle d’attente toute proche ! Il faut que j’aille la prévenir que le médecin a probablement du retard.

Personne en vue… Vite, vite sur la pointe des pieds, en tenue légère, je vais la chercher…

Elle m’accompagne dans la salle où on me faisait patienter, je me sens moins seule et puis finalement, je vais voir s’il y a un problème… J’avais rendez-vous à 15 h 30.

Apparemment, la chirurgienne a eu un souci avec la personne qui me précédait.

17H 30 la voilà, j’espère qu’elle n’est pas trop fatiguée ?

Cette fois, c’est mon tour…

Malheureusement, une machine étant en panne, elle ne sait pas faire tout ce qui était prévu…

Elle a pu faire la greffe. Elle a prélevé un lambeau de peau dans l’haine qu’elle a tout d’abord tatoué. Puis elle a recousu cette plaie d’une bonne dizaine de centimètres.

Elle a enlevé la même grandeur de peau sur le sein reconstruit pour y poser le lambeau prélevé. En même temps elle a pris la moitié du mamelon du sein opposé et a greffé le tout.

J’étais consciente de tout, je ne lui ai pas dit mais dans la lampe au bloc opératoire, juste au-dessus de ma tête, je voyais tout.

Au moment où je l’ai vu coudre une compresse ; oui, oui coudre une compresse, je lui ai demandé ce qu’elle faisait, elle m’a expliqué que lorsqu’on fait une greffe de peau, il faut que ce soit comprimé au maximum et le seul moyen pour le faire c’est de coudre une compresse ! ?

Bah ! Je lui fais confiance ! Je la revois vendredi prochain.

Tout cela n'aura pris qu'une bonne heure...

Ceci dit, je n’ai pas trop le moral… Pourquoi ?

Le mot ‘cancer’ me fait encore pleurer… Il faudra faire avec car même reconstruite, il fait partie de ma vie… Dans ‘l’après’, le ‘porter’ au quotidien et pour toujours, reste lourd.

J’aimerais que l’on suggère, encore plus, à toutes les femmes de faire un dépistage précoce, il n’est jamais trop tôt pour le faire… Souvent, cela permet de sauver sa vie mais aussi son sein !

Evidemment, j’ai quelques douleurs. Rien à avoir avec les douleurs de la première étape de reconstruction, je marche comme une bobonne, mon sein gauche me pique et bizarrement, la greffe en elle-même me dérange à peine.

Je dois refaire quotidiennement les pansements, apparemment le résultat sera à nouveau plus que satisfaisant !

Il y a une adhérence au niveau du quadrant supérieur gauche du sein, elle devait l’enlever et combler le creux à l’aide d’un prélèvement graisseux, elle n’a pas pu le faire car la machine qui filtre et nettoie la graisse est en panne.